Echos libertaires
Dans les rues parisiennes, résonnent encore les échos fraternels,
Le chœur uni de maintes foules d'insurgés,
Bravant la pluie et le fusil, l'ordinaire et l'autorité.
Comment marcher dans ces rues sans crier à son tour,
Sans se joindre aux spectres bouillonnant de leur sur-réalité ?
Partout où l'ordre qu'ils ont combattu triomphent, où les produits aliènent l’humain,
Leurs chants graves grouillent parmi les pavés, appellent à ton cœur,
Et embrument l'air en ce-quelque-chose révolutionnaire, ce nuage du retour à l'incertain.
Où tu craches mourait un homme, où tu désespères chantait l'espoir parmi la misère,
Où tu souris se levait un poing ; n'entends-tu pas cette clameur, cet éclair des sens ?
Imagine ces mots les alliant, songe main contre cœur à cette musique révoltée !
Chaque matin était l'aurore d'un jour ordinaire, et pourtant,
Une étincelle naissait du néant, une poésie reliait les êtres !
Que ton impulsion créatrice t'exalte, tu as ce génie de penser le monde pour le mieux ;
Chante fraternellement, l'unique propre de l'homme est de se révolter !
10/12/09
Maurice
A la maison de rééducation
Maurice dort dans son lit blanc
Sans son dentier il fait bien
Au moins dix ans de plus
Que ses quatre vingt douze ans
Je le regarde quand sa fille lui dit
Papa réveille toi tu as de la visite
Beaucoup de monde rien que pour toi
Il somnole dans un autre monde
Les deux yeux fermés lourdement scélés
Il dormait bien au chaud
L'esprit perdu dans des nuages blancs
Papa ouvre un oeil puis ton autre
Voilà déjà un premier c'est bien
Autour de lui nous l'enveloppons
Il nous entend arriver parler et le regarder
Nous venons voir notre grand-père
Le doyen de la famille
Il ouvre son deuxième oeil
Ses trois petits fils lui font face
Debout alignés et bien grands
Il dit
Oh mais c'est l'armée
Le radiateur est très chaud
Maurice tu devrais boire de l'eau
Verre en main il tremble un peu
Mais où suis-je ici c'est l'armée
Tu es à la maison de repos
Et tu pars demain à la maison de retraite
Il dit
Mais à quoi bon vivre
Il faut se lever se coucher toujours se lever
Ça je dors bien ici
Je dors bien
Mais pourquoi vivre
Dit-il
Avec ses petits yeux presques éteints
Des yeux d'enfants tristes
Qu'on aurait privé de récré
A tout jamais
Et pourtant il nous écoute
Il nous regarde rire et lui causer
Son regard passe lentement entre nos visages
Il regarde chacun de nous
Avec une légère grimace au visage
Une mimique invisible de clown triste
Je me demande ce qu'il voit
Au-delà de nos tempéraments si différents
Tous ensemble nous sommes là pour affronter
Ce moment si particulier de la vie
Et chacun le vit comme il le peut
Ma mère stresse et mes frères essayent les blagues
Mon père émet des idées positives
Quand d'après Maurice lui-même
Je suis toujours le plus calme
Je suis surtout heureux d'avoir réuni tout le monde
Autour de lui
Même s'il n'est pas très fier
Qu'on le voit dans cet état
Pourtant un grand âge est une grande aventure
Et toi Maurice tu l'affrontes sans peur
Tu sais sourire à l'aide soignante
Et reconnaitre qu'en effet oui
Il te faut du courage pour réussir
A bien manger ton yaourt
Sans en mettre partout
Maurice
Quand on est là tu déprimes moins
Et tu manges plus
Tu retrouves ton esprit farceur et malicieux
Demain tu pars pour un autre voyage
Dans un beau chateau
Je viendrai te visiter
Et j'espère te voir
Aux commandes de ton piano
Les mains peut etre tremblantes
Mais toujours le plus beau