Nanterre galère



Je suis le conducteur du train
Ligne A ligne à fond
Je zappe les arrêts richous
Je stoppe à la station bar
Un p'tit coup et ca repart
Ligne droite pour le ciel
Les points jaunes déraillent
Mes passagers sortent des gonds
On s'envole en freestyle
Tapis volant sur la banlieue
J'les mène à la mer
Direction le calva normand
Ca dégustera d'la teurgoule
J'fous le pilotage mode auto
Et mec méga parachute champi nucléaire
Pour moi c'est terminus
Nanterre galère .

J’étouffe


Rien ne me parle.
Même les peupliers
Tous cerclés de fer,
Et les tristes boulots
Tous engoudronnés
Taisent leur feuillage,
Muselés comme des fous.

On n’écoute plus l’arbre,
Il ne parle pas de fric,
Il a le sang vert et mou,
Alors, il est différent,
Puis il s’engoue pour l’air.

L’arbre le sait de ses pères
La vie c’est du vent.
Sans ce souffle gonflant,
Tout est perdu, et se figent
Les nuages, les poumons,
Les éoliennes, les oiseaux
Les avions, et nos vies…

En ville, pas de courant d’air,
L’on crève, le visage glauque,
Étranglé par des détraqués,
Des maniaques de l’ordre,
Qui claquent les fenêtres,
Apeurés par les gifles du vent.

Ces cons-là collectent la peur,
Et récoltent de la poussière,
Embaumant nos bâtisses
De miasmes fermentés…
On dort dans des tombes
Qu’ils gardent, évidant l’air.

Putain j’étouffe, putain d’murs,
Qui retiennent le vent,
Putain de toits, de tuiles dures
Qui crachent l’air au lointain.
J’étouffe dans cette ville bétonnée,
Où marcher sur l’herbe est prohibé.
J’étouffe de cette vie sans air,
On l’on respire avec des chewing-gums.
J’étouffe de l’air conditionné,
Où ça exhale l’odeur synthétique ;
J’étouffe, ces parfums d’intérieurs
Ont un arrière-goût vomitif !

Agonisant, on sort la tête
On se jette dehors, étouffé,
A la recherche d’air frais.
Mais c’est sacrément gazé
Aux nuées pétrolières…
Traqué, où qu’on se foute…

Putain j’étouffe, j’ai l’œil gris
Les cheveux secs, la gorge sèche.
Je suis en apnée, inactivé,
Je suis un drapeau sans vent,
Une île sans eau ni plage.
Je suis Paris sans fleuve,
Qu’une Seine grouillante,
Coulante de pus et d’amiante.

J’étouffe d’étrangler le monde.
Mes longues douches me noient,
Mes gros repas m’affament,
Mes lectures m’aveuglent.
J’me tue à vivre ainsi, je dérive
J’titube comme un esquif ivre,
Et pourtant, j’tente de louvoyer
Contre le courant humain,
Mais rien y fait, j’suis dedans.
Je suis le gazeur, et le gazé !
Le pollueur et le pollué…

Le Chant des Révoltés

D’entre les murs, les rues de Paris,
Résonnent des échos fraternels.
Le chœur uni des Insoumis
Gronde toujours, coéternel
A notre Mémoire, notre vie.
Ils sont morts, les anarchistes,
Bravant la pluie et le fusil,
Morts pour se faire artiste,
Pour changer la vie et s’allier.

Leur triomphe fut d’agoniser!

Seuls dans leur quotidienneté,
Ils subissaient la misère, cois.
Mais cultivant la liberté,
Leur révolte défia la loi.
Jadis, ils fomentaient, ardents,
Sur les barricades, les poutres,
Surpassant leur pauvre présent.
Dans les villes, ports, et outre,
Leur combat fut d’attiser,

 Leur triomphe fut d’agoniser !

Leurs vies étaient anodines,
Mais l’Ordre, en leurs ôtant,
Enleva leurs tristes sourdines ;
Ils trouvèrent une voix, un chant.
Ainsi retentit leur parole,
Jusqu’à nos cœurs chantonnant ;
Leurs spectres s’échappent du sol,
Et nous exhortent, nous accolant,
A s’éveiller, se révolter,

Leur triomphe fut d’agoniser !



Là, où l’injuste domine la vie,
Les chants soulèvent les pavés,
Et l’air s’embrume, inassouvie,
L’incertain s’agite en nuée.
Où tu craches, mourait un mutin,
L’espoir vainquait la misère.
Où tu souris, s’élevait un poing,
La vague domptait la pierre.
Ouïes-tu cette clameur d’émeutier ?

Leur triomphe fut d’agoniser !

Chaque matinée était l’aurore
D’un jour ordinaire, trivial,
Pourtant, une étincelle, alors,
Naissait du néant, fatale.
Une poésie liait les êtres !
Que ton impulsion créatrice
T’exalte, tu as de tes ancêtres
Ce génie pensif de justice.
Chante, le propre de l’humanité

Est de se révolter ; avec fraternité.
Ainsi morts de leurs folles idées,

Leur triomphe fut d’agoniser !


11 au 15 décembre 2009